Forum Dialogues pour la TerreLyon, 21-23 février 2002 Mondialisation et développement durableL”™éthique est-elle le maillon manquant ? Rapport de synthí¨se AVANT-PROPOSDE Mikhail Gorbatchev et Maurice StrongGreen Cross International, Conseil de la Terre Les Dialogues pour la Terre sont nés parce que nous croyons qu’une énergie et un élan nouveaux sont nécessaires si …
Lyon, 21-23 février 2002 Mondialisation et développement durable
L”™éthique est-elle le maillon manquant ?
Rapport de synthí¨se
AVANT-PROPOS
DE Mikhail Gorbatchev et Maurice Strong
Green Cross International, Conseil de la Terre
Les Dialogues pour la Terre sont nés parce que nous croyons qu’une énergie et un élan nouveaux sont nécessaires si nous voulons placer l’éthique et les valeurs humaines au cÅ“ur de notre combat pour harmoniser le processus de mondialisation et le développement durable. Le résultat le plus important de ces premiers Dialogues pour la Terre est la prise de conscience que ce sentiment est partagé par un trí¨s grand nombre de représentants influents et expérimentés des gouvernements, de la société civile, des groupes religieux, du monde des affaires et des institutions internationals. De míªme, un nombre croissant de personnes est príªt í agir pour promouvoir ces objectifs communs. Tous les participants ont éprouvé la nécessité d”™agir vite. La Terre est en danger. Des solutions durables doivent íªtre trouvées rapidement pour réduire des taux de pauvreté en pleine explosion et le fossé grandissant entre le Nord et le Sud, pour se préoccuper de l’accí¨s de plus en plus inégal í l’éducation et aux traitements médicaux, et pour combattre l’insécurité mondiale.
Les Dialogues pour la Terre ont atteint leur objectif premier : fournir un espace ouvert et neutre oí¹ toutes les parties engagées dans la mondialisation et dans les débats sur le développement durable ont pu échanger leurs vues et leurs idées, et imaginer ensemble des solutions. Cinq domaines principaux de consensus ont ainsi émergé :
L’éthique – Il est urgent de changer nos priorités, de modifier les forces qui promeuvent la richesse matérielle au détriment d’un bien-íªtre et d’une justice au niveau mondial, de renforcer les valeurs fondamentales qui constituent la base de la civilisation : compassion et respect pour chaque individu et pour l’environnement naturel, tolérance et solidarité, recherche de la paix.
La Charte de la Terre a été présentée comme un document fournissant aux peuples un cadre éthique utile pour orienter les choix des individus aussi bien que ceux des entreprises et des Etats.
La primauté du droit – Les valeurs universelles doivent íªtre traduites en instruments adaptés et en législations applicables, en vue de mettre en Å“uvre le développement durable. Des principes essentiels tels que le principe du pollueur-payeur et le principe de précaution doivent íªtre reconnus par les législations internationales et nationales, et réguler les activités de tous les secteurs.
La souveraineté ““ L”™évolution de la notion d”™Etat, l’influence croissante du secteur privé et de la société civile comptent parmi les modifications les plus importantes de ces dernií¨res décennies. Le paysage politique apparaí®t de plus en plus complexe, avec des centres de pouvoir multiples qui sont, de plus, souvent en conflit. Parmi les problí¨mes les plus graves auxquels nous devons faire face aujourd’hui – le changement climatique, les épidémies et le terrorisme ““ aucun ne connaí®t de frontií¨res nationales. Les réponses í apporter doivent donc internationales. La souveraineté sur les ressources communes est aux mains des individus. Les décisions qu’ils prennent, les ressources qu’ils utilisent, tout comme les décisions prises et les ressources utilisées en leur nom par les gouvernements, doivent prendre en compte le reste du monde, mais aussi les générations futures. Le concept de citoyenneté mondiale est une réalité. Chacun doit donc prendre conscience de ses responsabilités mondiales.
Sécurité ““ Aucune sécurité véritable et durable ne sera possible tant que l’inégalité et l”™injustice demeureront si flagrantes. L’éradication de la pauvreté et la protection de l’environnement doivent íªtre liés de manií¨re intrinsí¨que í la promotion de la Paix et de la Sécurité. La tragédie du 11 septembre 2001 une nouvelle fois prouvé que la sécurité de chacun est menacée, et que nul ne peut plus se permettre d’ignorer la souffrance et la frustration des autres. Cette prise de conscience doit conforter la volonté commune de parvenir au développement durable, et non nous en éloigner.
Action ““ Nous ne pouvons perdre davantage temps. Il est urgent d’agir. Pour cela, nous avons besoin d’un cadre éthique fort, de courage politique de la part des leaders mondiaux, d’une réforme des systí¨mes actuels de gouvernance globale et de régulation financií¨re, d’une aide au développement plus importante et mieux ciblée, d’une plus grande prise de conscience des individus et d’un engagement mondial.
Nous avons l’immense privilí¨ge de présenter í la communauté internationale les principaux défis et propositions mis en lumií¨re au cours de ces premiers Dialogues pour la Terre, alors que cette année est marquée par la préparation du Sommet Mondial sur le Développement Durable. Ce Sommet offre au monde une opportunité pour prendre des engagements fermes en vue de la création de véritanles réformes. Occasion que nous n”™avons pas le droit de manquer.
Enfin, nous tenons í exprimer nos remerciements les plus chaleureux í nos hí´tes, M. Lionel Jospin, Premier Ministre franí§ais, ainsi que M. Gérard Collomb, Maire de Lyon, et les citoyens de la superbe ville de Lyon sans lesquels les Dialogues pour la Terre n’auraient pas été possibles.
Mikhail Gorbatchev Maurice Strong
Green Cross International Conseil de la Terre
INTRODUCTION
Initié par Mikhail Gorbatchev et Maurice Strong, ” Dialogues pour la Terre “ est un forum public visant í favoriser une mobilisation mondiale en vue de réaliser trois objectifs vitaux pour le futur de l”™humanité : éviter les catastrophes écologiques menaí§ant notre planí¨te, combattre le fléau de la pauvreté, agir pour assurer un développement réellement durable.
En présence de M. Lionel Jospin, Premier Ministre franí§ais et de Gérard Collomb, Maire de Lyon, 1 300 personnes ont participé aux premiers Dialogues pour la Terre, du 21 au 23 février 2002. 170 orateurs du monde entier étaient présents. Des représentants de la société civile, des gouvernements, des organisations internationales, du monde de la finance, des affaires, des religions, des médias, ainsi que des universités se sont rassemblés pour échanger leurs vues sur la faí§on de renforcer la place du débat éthique dans les questions touchant au développement durable et í la mondialisation. Les orateurs et les participants ont été mis au défi d”™identifier de nouveaux moyens pour permettre í l”™humanité de sortir de l”™impasse économique, sociale et environnementale dans laquelle elle se trouve actuellement prise au pií¨ge.
Les Dialogues pour la Terre ont abordé, dans une perspective éthique, les questions qui seront traitées í l”™occasion du Sommet Mondial sur le Développement Durable et dans les mois qui suivront. Avec l”™espoir que les propositions émanant des discussions de Lyon seront prises en considération par les gouvernements et les organisations internationales préparant le Sommet de Johannesburg.
Le Forum Dialogues pour la Terre était organisé en sessions plénií¨res, tables rondes et débats ouverts. Chaque table ronde était consacrée í un secteur particulier : Institutions Economiques Internationales, Monde des Affaires et de l”™Industrie, Médias et Communication, Parlementaires et Représentants des gouvernements, Institutions et Organisations Internationales, Leaders religieux et spirituels, et Organisations Non-Gouvernementales.
Chaque table ronde était composée de treize í seize orateurs, dont la moitié en provenance du secteur concerné, et l”™autre moitié provenant des six autres secteurs, auxquels s”™ajoutaient des représentants de la société civile, des syndicats, du monde universitaire. Les représentants du secteur concerné devaient répondre aux autres membres de la table ronde, de manií¨re í garantir la prise en considération des opinions et des idées de tous les membres de la société dans les discussions. Le public avait en outre la possibilité de donner son avis et de poser des questions aux orateurs.
De plus, une session spéciale du Conseil Mondial des Anciens Ministres des Affaires Etrangí¨res s”™est intéressée aux thí¨mes des Dialogues pour la Terre, en se penchant plus particulií¨rement sur les questions de politique mondiale et de sécurité.
Pour enrichir ces débats ouverts et participatifs, durant les sessions plénií¨res, d”™éminents orateurs sont venus apporter inspiration et sagesse aux discussions : Lionel Jospin, Premier Ministre franí§ais ; Gérard Collomb, Sénateur-Maire de Lyon, Président de la Communauté Urbaine de Lyon ; Raymond Barre, Ancien Premier Ministre franí§ais, Ancien Maire de Lyon ; Anne-Marie Comparini, Présidente du Conseil Régional Rhí´ne-Alpes ; Alexander A Bessmertnykh, Président de l”™Association de la Politique Etangí¨re, Ancien Premier Ministre ; Yolanda Kakabadse Navarro, Présidente du World Conservation Union (IUCN), Commissaire de la Charte de la Terre ; Walter Erdelen, Sous-Directeur général pour les Sciences Naturelles, UNESCO ; Gérard Mestrallet, Président-Directeur général, Suez ; Maurice F. Strong, Président-fondateur du Conseil de la Terre, Président de la Fondation pour le Conseil de la Terre ; Klaus Tí¶pfer, Directeur exécutif, Programme des Nations Unies pour l”™Environnement ; Marie-Noí«lle Lienemann, Secrétaire d”™Etat au Logement ; Mikhail Gorbatchev, Président et fondateur de Green Cross International ; Kamla Chowdhry, Membre du Comité consultatif sur l”™Environnement et le Développement Durable í la Banque Mondiale, Commissaire de la Charte de la Terre ; Rita Levi Montalcini, Lauréate du Prix Nobel de Médecine ; Ruud F. M. Lubbers, Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés ; Vladimir Petrovsky, Directeur-général, Office des Nations Unies í Gení¨ve.
Ce rapport résume les défis et propositions majeurs évoqués lors de cette premií¨re édition des Dialogues pour la Terre.
Des rapports complémentaires et plus détaillés sont disponibles sur le site suivant: www.earthdialogues.org. Ce document de synthí¨se sera complété par d”™autres travaux sur les Dialogues pour la Terre, comprenant notamment la rédaction d”™un Livre Blanc rapportant de manií¨re plus complí¨te la teneur des discussions. Pour plus d”™information sur ce document, veuillez contacter Green Cross International, í Gení¨ve, au numéro de téléphone suivant : +41 22 789.16.62.
Défis éthiques dans la promotion du développement durable
1. LES PRINCIPAUX DEFIS STRUCTURELS
Rendre l”™éthique opérationelle
L”™éthique et les valeurs telles que la justice, l”™équité, la solidarité, la protection de l”™environnement et le respect des Droits de l”™Homme, sont d”™ores et déjí inscrites dans de nombreuses constitutions nationales, dans des accords internationaux, ainsi que dans des textes tels que la Déclaration Universelle des Droits de l”™Homme ou la Charte de la Terre.
Le véritable défi consiste í trouver comment les mettre en application, et comment les adapter aux menaces du monde d”™aujourd”™hui. Le fossé entre concept et action reste énorme ; le combler est d”™une importance fondamentale. La question est de savoir comment faire imposer les valeurs humaines fondamentaux au coeur de la lutte pour le dévelopement durable, et comment rendre opérationnels les principes éthiques existants, afin de garantir leur intégration complí¨te dans les politiques publiques, les relations internationales, les systí¨mes économiques et les comportements individuels.
Un cadre global efficace
La communauté internationale manque-t-elle d”™un cadre global, capable d”™articuler les droits et les responsabilités sur le plan environnemental et sur le plan social í un niveau global ? Ou la communauté internationale possí¨de-t-elle déjí de tels cadres, mais sous des formes inadaptées ? Le Conseil de Sécurité des Nations Unies et l”™Organisation Mondiale du Commerce constituent des régimes de gouvernance globale dotés du pouvoir d”™imposer des sanctions ayant force légale. Toutefois, beaucoup estiment que ces organisations sont dominées par de forts intéríªts nationaux, qu”™elles sont non-démocratiques et inadaptées í leur rí´le de défense des objectifs du développement durable. Un cadre véritablement démocratique et juste, reposant sur des mécanismes de régulation et de contrainte, est nécessaire pour traduire les principes éthiques en législations et en politiques efficaces.
Intégration et partenariat
Face í la complexité croissante d”™un monde constitué de multiples pí´les de pouvoir, devant l”™évolution du rí´le de l”™Etat et des acteurs non-étatiques, de nouveaux partenariats, un dialogue et des coalitions sont nécessaires. Des solutions intégrées sont indispensables pour faire collaborer des groupes et des forces apparemment incompatibles qui agissent pour le développement durable et pour la mondialisation. La base logique et éthique du modí¨le de développement durable est extríªmement différente de celle de la mondialisation. La durabilité nécessite régulation et coopération, alors que la mondialisation encourage dérégulation et compétition.
2. LES DEFIS MAJEURS A L”™ORDRE ECONOMIQUE INTERNATIONAL
Une approche de l”™exploitation des ressources naturelles et de la distribution des richesses dénuée de considérations éthiques
L”™ordre économique international actuel est basé sur un mécanisme de marché dont l”™éthique est absente. La main invisible était sensée promouvoir le bien du plus grand nombre, en permettant aux individus de participer í l”™économie mondiale en tant que consommateurs, í travers un systí¨me de vote basé sur la monnaie. Forceest cependant de constater que ce systí¨me facilite une distribution inégale des richesses et encourage la domination du profit sur l”™éthique. Ce mode de régulation inapproprié et non-démocratique a produit, au travers de la mondialisation, des phénomí¨nes et des forces qui épuisent l”™environnement pour des gains í court-terme, et géní¨redes injustices pour la population pauvre du monde. Il permet aux grandes entreprises d”™exercer un pouvoir croissant et largement incontrí´lé.
Il n”™existe a pas aujourd”™hui de mécanismes permettant une réelle redistribution des richesses au niveau international, ni de moyens de compenser les coí»ts écologiques et sociaux de la mondialisation, qui pí¨sent largement sur ceux qui en sont exclus.
Des indicateurs économiques inadéquats
Les indicateurs actuels ne reflí¨tent pas l”™état réel de la richesse et de la pauvreté dans la société. Les principales institutions économiques internationales fondent le plus souvent leurs décisions sur des considérations exclusivement financií¨res, ne prennant pas en compte des données pourtant importantes telles que la santé des citoyens, l”™accí¨s í l”™éducation, la dégradation de l”™environnement, les conditions urbaines, etc. Sans une intégration de ces facteurs, aucune décision responsable pour le développement d”™un pays ou sa capacité í remplir ses obligations internationales ne pourra íªtre prise.
Droits commerciaux contre droits de l”™homme
L”™attention portée au libre-échange au détriment du commerce équitable pose tout autant problí¨me. Le pouvoir de l”™Organisation Mondiale du Commerce (OMC) suscite des interrogations, certains lui reprochant de faire pirmer les droits commerciaux sur les droits de l”™homme les plus essentiels. De plus, la hiérarchie des droits et des obligations au niveau international reste floue, laissant ainsi la possibilité de soumettre les principaux droits de l”™homme í des intéríªts particuliers.
L”™OMC ne s”™est, jusqu”™í présent, pas montrée efficace dans la promotion des rí¨gles commerciales internationales favorables au développement durable. En témoignent les fréquents débats sur les subventions perverses, l”™accí¨s insuffisant au marché pour les produits des pays en développement, les questions de sécurité alimentaire, etc. Ces considérations purement commerciales entravent directement le développement durable, dégradent l”™environnement, et ne peuvent qu”™aggraver la pauvreté.
Inadéquation entre le régime commercial mondial et la politique du travail
L”™économie internationale est fondée sur une législation commerciale internationale, et non sur un marché mondial du travail. Le concept de libre-échange, comme le reflí¨tent les flux incontrí´lés de main d”™Å“uvre et de biens, constitue l”™illustration d”™un paradoxe : tandis que les barrií¨res douanií¨res restraignant les mouvements de biens et de services sont progressivement levées, les nations développées édifient des murs de plus en plus infranchissables pour empíªcher les migrations de main d”™Å“uvre en provenance des pays en développement.
3. LES DEFIS MAJEURS POUR LE MONDE DES AFFAIRES ET DE L”™INDUSTRIE
Des codes éthiques pour orienter des pratiques commerciales durables
Employés et employeurs sont confrontés au défi de réconcilier les codes éthiques des individus en tant qu”™employés avec les codes éthiques (ou leur absence) de leurs employeurs. Le modí¨le compétitif encourage souvent les compagnies í maximiser leurs profits en réduisant les coí»ts au maximum, ce qui conduit í des pratiques commerciales non-éthiques et non-durables : exploitation de la force de travail, activités polluantes, manipulation des gouvernements locaux”¦ Ce phénomí¨ne est accentué par l”™obligation premií¨re des sociétés de générer des profits pour leurs actionnaires : cet objectif prend le dessus sur la responsabilité de conduire les opérations commerciales d”™une manií¨re respectueuse sur le plan environnemental ou social.
Des initiatives volontaires de la part des sociétés
Entre public et entreprises le fossé s”™est creusé. Le manque de transparence des entreprises entretient un climat de défiance et conduit í une détérioration des relations publiques. Tandis que les initiatives volontaires de certainess sociétés en faveur de pratiques commerciales durables constituent un pas dans la bonne direction, la confiance du public et des salariés est sappée par le non respect de ces initiatives volontaires, par les soupí§ons de “greenwashing”, la corruption, et la violation incontestable de lois nationales et internationales.
Responsabilité des sociétés transnationales
De par leur pouvoir, les sociétés transnationales font l”™objet d”™une surveillance particulií¨re. í€ tort ou í raison, on les soupí§onne d”™un manque de responsabilité, de transparence et de régulation, d”™un manque de respect des Droits de l”™Homme”¦ On leur reproche aussi l”™influence qu”™elles exercent sur les gouvernements nationaux et, par extension, sur les accords internationaux. Etant donné leur poids, les entreprises transnationales sont confrontées í une forte pression visant í les inciter í adhérer aux normes éthiques en faveur du développement durable.
Promotion d”™une consommation non-durable
La promotion de modí¨les de consommation non-durables est parfois reprochée í la publicité réalisée par les entreprises adhérant í un systí¨me dans lequel le profit demeure la valeur essentielle. Une quíªte commerciale effrenée conduit les entreprises í promouvoir une culture présentant les biens matériels comme le moyen de parvenir í la réalisation individuelle.
4. LES PRINCIPAUX DEFIS POUR LES MEDIAS
Relations avec le secteur des entreprises
Les consommateurs éprouvent de la suspicion í l”™égard des médias et de la faí§on dont ils sont influencés, voire contrí´lés, par le monde de la publicité et des entreprises. Que cette méfiance soit ou non fondée, la critique demeure : aux yeux de beaucoup, la publicité, par la promotion qu”™elle exerce en faveur d”™une culture de consommation exubérante, a un impact négatif. Mais la publicité joue aussi un rí´le trí¨s important, en permettant au consommateur de faire son choix de manií¨re informée. Le défi éthique consiste ici í déterminer comment, í travers leur influence sur les attitudes des consommateurs, les médias peuvent assumer leur responsabilité vis-í -vis de la durabilité
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Responsabilité contre rentabilité
Les médias sont confrontés au défi quotidien de vendre de l”™information dans un contexte hautement compétitif. Ainsi sont-ils confrontés au choix de l”™information qui fera vendre. Une question éthique se pose : quelle information les médias devraient-ils diffuser ? Ou, í l”™inverse, quelle information ont-ils le plus intéríªt í diffuser ?
Les médias sont fréquemment accusés de contribuer í la passivité du public en dissimulant des informations et en fournissant seulement un divertissement de mauvaise qualité. Cette critique conduit í se poser deux questions : 1) Les médias remplissent-ils leur rí´le de promotion de la transparence dans les processus de prise de décision et facilitent-ils la compréhension du public pour ce qui touche aux questions de la durabilité? 2) Les médias faí§onnent-ils les choix du consommateur, ou les choix du consommateur faí§onnent-t-ils les médias ?
Toucher le public
Il existe une demande d”™information sur le développement durable, mais elle doit íªtre présentée de faí§on í susciter l”™intéríªt, les émotions, et stimuler l”™imagination du public. Pour le moment, peu de voies susceptibles d”™aider le grand public í transformer son intéríªt en action concrí¨te sont proposées. Les citoyens doivent íªtre mieux sensibilisés et mieux informés des moyens leur permettant d”™apporter une contribution positive au développement durable, en tant que membres de la communauté, consommateurs et électeurs.
Capacité í agir de manií¨re efficace
Quatre conditions doivent íªtre remplies pour que les journalistes puissent agir de manií¨re efficace : liberté d”™accí¨s í l”™information, liberté d”™expression, éthique professionnelle individuelle, et indépendance. í€ défaut, fournir de l”™information basée sur des normes éthiques n”™aura aucun effet.
5. LES PRINCIPAUX DEFIS POLITIQUES
Intéríªts nationaux contre bien-íªtre global
Les pays possédant réellement la capacité d”™améliorer la situation globale sont souvent ceux qui ne s”™engagent pas dans le dialogue global sur le développement durable. Ils entretiennent un double langage. La poursuite des intéríªts nationaux conduit fréquemment í une application sélective des principes éthiques, en fonction des priorités des nations les plus puissantes.
Pressions électorales
Pour les hommes politiques, concilier responsabilité envers l”™électorat local et envers la communauté, au sens plus large, est une entreprise ardue. Il s”™agit de maintenir un équilibre entre les intéríªts sectoriels et immédiats de l”™électorat et les contraintes imposées par la recherche d”™un développement durable. Cet équilibre est rendu d”™autant plus difficile í trouver que bien des hommes politiques, et bien de leurs électeurs, ne sont pas encore suffisamment réceptifs aux problématiques du développement durable.
Erosion de la souveraineté
L”™émergence d”™une nouvelle catégorie de problí¨mes de survie globaux a réví¨lé les limites de l”™Etat-Nation, de míªme que l”™affaiblissement de la souveraineté nationale. Cette situation accentue le besoin de formes plus fortes de coopération multilatérale. L”™efficacité des approches unilatérales est, en effet, forcément limitée lorsqu”™il s”™agit de faire face í des menaces sans frontií¨res telles que les épidémies, le terrorisme, l”™immigration, la destruction de l”™environnement, etc. La souveraineté est encore restreinte par la dépendance et l”™interdépendance économique des Etats, l”™apparition de vides de pouvoir et le développement de multiples centres de pouvoir au-dessous, au-dessus et au sein míªme des Etats.
Régimes corrompus et despotiques
Dans les régions oí¹ le pouvoir et les richesses sont concentrés entre les mains d”™une élite qui exploite sa population et n”™a que peu d”™intéríªt í approuver des normes internationales, la transition vers le développement durable reste impossible.
6. LES PRINCIPAUX DEFIS DES INSTITUTIONS INTERNATIONALES
Bonne gouvernance
La bonne gouvernance doit devenir la norme institutionnelle aux niveaux local, national et international, de faí§on í refléter l”™éthique, les valeurs et les priorités de la société civile. Elle doit rechercher et prendre en compte un mode de fonctionnement plus démocratique, apte í réfléter les principes de transparence, de participation, de cohérence, de responsabilité, de justice et d”™efficacité.
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies est de plus en plus dépassé par les Etats qui cherchent í contrí´ler les questions de sécurité internationale. Son organisation anachronique doit íªtre réévaluée et réformée í la lumií¨re du nouvel ordre international, de faí§on í retrouver une légitimité aux yeux du public.
Intéríªts privés contre bien-íªtre global
Les organisations internationales qui ont été créées pour promouvoir le bien public se sont souvent retrouvées aux mains de ceux qui désiraient faí§onner le monde selon leurs propres vues. Une honníªte évaluation et une restructuration sont nécessaires pour atténuer le conflit souvent fatal entre l”™influence de l”™intéríªt privé et les idéaux que les institutions poursuivent en faveur du bien commun. Les institutions internationales se sont révélées incapables de remplir leur mandat lorsqu”™elles ont été confrontées í des restrictions budgétaires, í l”™inefficacité, aux pressions politiques, au factionnisme, etc. Est-il possible de promouvoir un comportement éthique qui limiterait certains objectifs nationaux, mais qui favoriserait finalement la promotion d”™un bien commun au plus grand nombre ?
Capacité í faire respecter les normes
Le fait que la plupart des institutions internationales aient trí¨s peu de moyens pour faire appliquer leurs décisions constitue un obstacle majeur. Cette autorité demeure aujourd”™hui principalement une prérogative des gouvernements nationaux. Alors que quelques régimes internationaux disposent de mécanismes puissants pour faire respecter leurs décisions, notamment dans le domaine du commerce et des crimes de guerre internationaux, ou au sein du Protocole de Kyoto, la plupart des institutions internationales manquent de moyens pour garantir une telle application.
Emergence de la Société Civile
Les acteurs locaux, nationaux et internationaux doivent agir davantage pour que l”™éthique s”™impose í tous les niveaux, en garantissant que les mandats et les activités se complí¨tent. Un changement de modí¨le est en cours, comme l”™ont montré les événements de Porto Alegre : la société civile veut désormais faire entendre sa voix. Les institutions internationales sont investies d”™une forte responsabilité : elles doivent prendre ces voix en considération et transmettre en retour cette information aux gouvernements nationaux et au public, afin de les informer et des les former, orientant ainsi les futurs programmes de travail.
7. LES DEFIS MAJEURS POUR LES RELIGIONS DU MONDE
S”™engager sur les voies d”™un futur durable
Les religions du monde ne se sont pas suffisamment engagées dans le débat sur le développement durable et ne se sont pas intéressées de manií¨re adaptée aux questions essentielles concernant la survie de la planí¨te. Elles disposent pourtant d”™une force institutionnelle et d”un potentiel propres í leur permettre de jouer un rí´le moteur, tout en fournissant une autorité morale et des principes éthiques. Les institutions religieuses peuvent contribuer í articuler les valeurs centrales pour un futur durable, offrir des alternatives viables au matérialisme, et donner du sens, de la cohérence et une orientation aux questions de développement durable.
Réduire l”™exclusivité
Historiquement, les religions ont été trop exclusives dans leurs relations les unes avec les autres, et í l”™écart des autres institutions. En sortant de leur isolement et en s”™engageant davantage aux cí´tés des autres institutions, les religions du monde peuvent contribuer de manií¨re plus efficace í la reconnaissance des valeurs universelles et í la promotion d”™un modí¨le de développement durable fondé sur l”™éthique.
Contrer les aspects négatifs de la religion
Tout au long de l”™histoire, les formes fanatiques et fondamentalistes de la religion ont justifié le terrorisme dans des djihads ou des croisades contre les peuples porteurs d”™autres croyances, mais aussi contre la Terre elle-míªme. Dans leurs formes plus libérales, certaines institutions religieuses sont devenues de simples entreprises commerciales, n”™affirmant plus les profondeurs spirituelles de la communauté de vie la plus large, et ne proposant aucune solution dans un contexte mondial toujours plus complexe.
8. LES PRINCIPAUX DEFIS POUR LES ORGANISATIONS NON-GOUVERNEMENTALES (ONGs)
Contrer l”™influence prépondérante des pays développés
Les ONGs doivent avant tout s”™opposer í l”™écrasante domination des pays développés dans le monde contemporain. La prépondérance des intéríªts du ” Nord “ ““ les intéríªts des entreprises multinationales, des médias, des activités gouvernementales, des projets des ONGs, etc – a contribué í l”™acceptation d”™un schéma de développement non-durable, et centré sur le Nord.
Influence des entreprises
L”™influence des grandes entreprises a un impact trop important sur les politiques gouvernementales, particulií¨rement dans les pays les plus pauvres. Les ONGs peuvent faire office de contrepoids aux niveaux local, national et international pour contrebalancer les déséquilibres dí»s í l”™influence des entreprises, pour protéger les intéríªts de la société civile, et pour aider í développer des instruments qui constitueront les paramí¨tres légaux de protection du bien commun.
Activités éducatives
Le manque d”™éducation et de prise de conscience des principes de durabilité a conduit les consommateurs et les décideurs sur une mauvaise voie, et a empíªché que des politiques pour le développement durable soient adoptées en nombre suffisant. Les ONGs doivent soutenir les activités éducatives qui permettent de développer la conscience d”™une part de plus en plus grande de la société, sur les questions de la durabilité.
Manque de cohérence et de coopération
La compétition entre les ONGs pour le financement conduit non seulement í un manque de cohérence entre les projets, mais aussi í un dédoublement inutile des activités. Les ONGs doivent faire des efforts en commun, sur la base d”™un partage des compétences. Cela pourrait également contribuer í clarifier les priorités des différentes politiques et des différents secteurs, permettant une approche plus intégrée du développement.
9. LES PRINCIPAUX DEFIS LIES A LA SECURITE
Incohérence dans les politiques
La déconnection entre les questions de sécurité et de durabilité constitue l”™une des problí¨matiques majeures de la dernií¨re décennie. Bien que le développement durable soit une question de sécurité, et qu”™il doive fonder les politiques pour la paix du nouveau millénaire, peu de liens clairs ont été mis en évidence entre le développement durable et les autres aspects de l”™agenda sécuritaire, tels que les questions liées aux menaces internationales, au contrí´le des armements, aux mouvements de population, etc.
Instabilité mondiale
Dans le contexte d”™instabilité que nous connaissons, le monde ne parviendra jamais au développement durable si tous les efforts sont perpétuellement sapés et dominés par des préoccupations de sécurité plus conventionnelles. Par ailleurs, le développement durable et la protection de l”™environnement sont en eux míªmes de puissants instruments au service de la création d”™un monde plus sí»r. Lorsqu”™ils seront reconnus comme tels, les efforts internationaux en faveur de la durabilité s”™intensifieront immédiatement.
Coopération pour la promotion des intéríªts communs
Depuis les événements dui 11 septembre 2001, l”™instabilité et l”™imprédictibilité du monde sont devenues une évidence pour tous. Ces événements et leurs conséquences devraient permettre l”™émergence de nouvelles alliances, motivées par les menaces que représentent les bouleversements sociaux et environnementaux visibles í l”™échelle planétaire. Dans ce contexte, les gouvernements devraient íªtre convaincus de la nécessité de renforcer leur coopération. La création d”™un nouvel ordre mondial, capable de répondre í ce contexte changeant et de traiter ces menaces í la racine est une urgence et la seule voie susceptible de réellement promouvoir les intéríªts communs (tels que la paix, les droits de l”™homme, l”™éducation, la santé, un environnement sí»r).
Le rí´le des normes éthiques dans la promotion du développement durable
1. A LA BASE, L”™ETHIQUE
L”™éthique est la base sur laquelle les dimensions légale et institutionnelle – entre autres – du développement durable doivent íªtre bí¢ties. Il est absolument essentiel de redonner leur place aux principes et valeurs éthiques premiers si nous voulons profiter d”™un monde durable et équitable. Alors que certaines valeurs universelles sont d”™ores et déjí entérinées dans les législations nationale et internationale, il faut assurer í toutes les valeurs universelles la míªme reconnaissance et le míªme statut, et aussi leur assurer une application généralisée.
Ni les droits de l”™homme, ni les accords internationaux sur l”™environnement ne prennent pleinement en compte la relation étroite entre les dimensions environnementale et sociale de l”™impératif éthique global. Un cadre éthique intégré est essentiel pour orienter les actions vers le bien commun au sens le plus large et pour équilibrer les droits et les responsabilités de tous les acteurs. Il est essentiel que ce cadre éthique soit inclus dans les politiques de base, dans les documents pédagogiques des écoles et des associations, dans les codes des entreprises et des gouvernements.
2. UNE VISION ETHIQUE INTEGREE
Un futur basé sur des valeurs universelles rendues opérationnelles dans chaque aspect de l”™activité humaine nécessite l”™acceptation essentielle d”™une réalité : la planí¨te et tous ses habitants partagent une destinée commune, dépendante de ressources limitées. Les citoyens de la planí¨te doivent se forger une vision intégrée dans laquelle chacun respectera les droits des autres et assumera la responsabilité du partage des ressources. Le fossé grandissant entre les riches et les pauvres ne doit plus íªtre toléré, ou les engagements pris en faveur de l”™éthique universelle se révéleront n”™íªtre guí¨re plus que de la rhétorique politique.
La Charte de la Terre a été élaborée comme un code de responsabilité pour orienter les relations et le comportement de tous les acteurs étatiques et non étatiques. Les principes au cÅ“ur de la Charte de la Terre sont :
– Respect et attention pour la communauté du vivant,
– Intégrité écologique,
– Justice sociale et économique,
– Démocratie, non-violence et paix.
3. GARANTIR QUE LES NORMES UNIVERSELLES RESPECTENT LA DIVERSITE
Les valeurs éthiques ne doivent pas íªtre imposées í un groupe ou un pays par un autre. Il n”™existe pas de modí¨le politique, économique ou social unique qui doive íªtre appliqué dans le monde entier. Il est donc essentiel que les valeurs humaines identifiées comme ” universelles “ expriment des normes éthiques qui ne puissent íªtre critiquées pour ce qui touche au respect de la diversité culturelle.
Les valeurs éthiques í la base des politiques internationales ayant trait aux ressources naturelles et au développement ne doivent pas fournir un prétexte aux Etats ou aux groupements transnationaux pour interférer dans d”™autres régions et y poursuivre des intéríªts purement économiques ou nationaux. Par dessus tout, les normes éthiques universelles ne peuvent íªtre appliquées ou respectées sur une base arbitraire.
Alors que certains affirment que l”™éthique est soumise í interprétation, l”™éthique universelle doit se situer au-delí de ces discusions. Alors que la société est régi par un systí¨me guidé par l”™intéríªt individuel, grí¢ce au développement de lois nationales, l”™éthique universelle peut et doit fournir la base nécessaire au développement de lois internationales destinées í régir un monde dominé par les intéríªts nationaux.
Propositions d”™action et stratégies politiques pour faire progresser le développement durable et l”™éthique
1. REFORME DE L”™ORDRE ECONOMIQUE INTERNATIONAL
Organisation Mondiale du Commerce (OMC)
L”™OMC ne peut plus imposer un cadre symétrique sur un monde asymétrique. Les lois et les politiques doivent íªtre basées sur le principe de discrimination positive, dans lequel les rí¨gles sont biaisées en faveur des parties les plus faibles. Les rí¨gles commerciales et les procédures de rí¨glement des différends de l”™OMC doivent íªtre redéfinies de manií¨re claire en faveur du développement durable. Si l”™OMC veut conserver son statut d”™organisation démocratique et gouvernée par ses membres, elle doit prendre des mesures effectives pour permettre la pleine participation de tous ses Membres.
Législation commerciale
La législation commerciale doit respecter des considérations éthiques telles que le ” principe de précaution “ et le principe du ” pollueur-payeur “. Il est de premií¨re importance de soutenir ces politiques qui augmentent le niveau d”™internalisation des coí»ts via la taxation, et d”™éliminer les subventions perverses et les barrií¨res commerciales protectionnistes.
Le systí¨me de Bretton Woods
L”™OMC, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI) doivent íªtre placés sous l”™égide de l”™ONU et ses rí¨gles du droit international.
Indicateurs économiques
Les systí¨mes économiques doivent incorporer des moyens adaptés de mesure du développement national et d”™analyse des modí¨les économiques pour refléter de manií¨re correcte les performances du pays. Des indicateurs de croissance économique, de santé, de niveau de pauvreté, de diversité culturelle, de justice sociale et de l”™état de l”™environnement devraient notamment íªtre pris en considération
Instruments de taxation
Mettre en place de nouveaux instruments de taxation internationaux pour redistribuer les richesses, tels qu”™une taxe sur les transactions financií¨res transfrontalií¨res et une taxe sur les transports aériens internationaux.
Biens publics
Les biens publics, tels que les ressources en eau, doivent demeurer aux mains du public et ne doivent pas devenir la propriété de groupes privés. Lorsqu”™il est prouvé qu”™il s”™agit d”™un moyen d”™améliorer l”™accí¨s et l”™efficacité de l”™usage, la mise í disposition des services publics de base et leur gestion peuvent íªtre délégués au secteur privé dans un cadre effectif d”™information publique, de régulation, et de participation élargie des consommateurs.
2. LE SECTEUR PRIVE
Responsabilité des sociétés
Les représentants de la société civile et du monde des affaires se sont montrés favorables í l”™idée de développer des lignes directrices éthiques légales pour le secteur privé. Des appels ont été lancés pour que toutes les parties prenantes contribuent í établir un cadre permettant d”™harmoniser les paramí¨tres environnementaux, sociaux et financiers pour les activités commerciales. Les nouveaux instruments de régulation, quels qu”™ils soient, doivent venir compléter les initiatives volontaires préexistantes et inclure des mécanismes d”™audit et de contrainte.
Transparence
Les opérations commerciales et les choix des consommateurs seraient facilités par un étiquetage clair et des systí¨mes de certification environnementale. Les procédures d”™audit doivent íªtre fiables, leurs résultats disponibles rapidement et faciles í comprendre. Les entreprises doivent íªtre contraintes í s”™inscrire í l”™index Dow Jones du développement durable, ce qui permettrait aux médias de rapporter instantanément les niveaux de notation et de performance de ces entreprises pour ce qui concerne le développement durable.
Efficacité économique
Les initiatives des sociétés pour promouvoir des pratiques commerciales durables et une efficacité de production doivent íªtre encouragées et favorisées par des incitations de la part des gouvernements. La pression des consommateurs, í la fois positive et négative, doit continuer í stimuler les entreprises pour les pousser í développer des pratiques commerciales durables.
Entreprises transnationales
Une convention internationale régissant la responsabilité des entreprises transanationales et le degré de confiance í leur accorder doit íªtre négociée.
4. INITIATIVES GOUVERNEMENTALES
Acteurs gouvernementaux
Plus de dialogue et de prises de décision créatives de la part des acteurs principaux sont nécessaires pour faire face au rí´le changeant de l”™Etat, í la déconnection croissante entre les Etats et les différents secteurs, au besoin pressant de traiter les problí¨mes supranationaux de manií¨re plus efficace et équitable, et í l”™engagement croissant de la société civile.
Production et consommation durables
Les gouvernements doivent s”™engager activement dans la mise en place de programmes incitatifs et contraignants pour soutenir des modí¨les de production industrielle efficaces sur le plan écologique. Cela signifie investir dans la recherche sur les énergies propres, prendre des initiatives pour le recyclage, et lancer des programmes de traitement des déchets. Les gouvernements doivent également promouvoir des modí¨les de consommation responsables et des modes de vie durables auprí¨s des citoyens, í travers des efforts pour favoriser une meilleure prise de conscience et en donnant l”™exemple via les dépenses gouvernementales.
Le rí´le des collectivités locales
Les collectivités locales doivent mieux s”™intégrer dans les campagnes internationales pour le développement durable, étant donné leur expérience directe dans la gestion de l”™environnement urbain. Les élus locaux doivent íªtre formés sur les questions de développement durable. Les gouvernements et les institutions internationales sont encouragés í créer des réseaux des meilleures expériences et í mromouvoir des projets de coopération entre les collectivités locales et basés sur le principe “d”™un service pour un service” avec les autres villes et les gouvernements. La coopération décentralisée de ville í ville doit devenir un atout majeur dans la réduction de la pauvreté et le developpement d”™une solidarité Nord-Sud.
Armes de destruction massive
La menace des armes nucléaires, chimiques et biologiques reste un obstacle í la paix et, par voie de conséquence, au développement durable. Il est fortement conseillé aux gouvernements d”™interrompre la production d”™armement de destruction massive et d”™appliquer dans leur intégralité les accords de limitation de la production d”™armement, ainsi que de démantí¨lement et d”™élimination des armes existantes.
5. ACTEURS GLOBAUX
Clarté et cohérence
Clarifier la relation entre les institutions internationales et déterminer une hiérarchie de responsabilités qui définisse nettement les rí´les et les responsabilités de tous les acteurs. Augmenter la cohérence au sein et entre les activités des institutions internationales au travers de discussions inter et multi-sectorielles, de partenariats et de prévisions quant aux programmes í mettre en place.
Commission des Nations Unies pour le Développement Durable
Cette Commission a créé un nouveau terrain d”™action avec un processus de dialogue entre une multiplicité d”™acteurs, mais elle souffre d”™un manque de moyens financiers, d”™une faible autorité politique et de l”™absence d”™influence vis-í -vis des autres programmes et institutions internationaux. Ce qu”™il faut, c”™est un organisme flexible, trans-sectoriel, comme par exemple un Conseil, rattaché directement au Secrétaire Général des Nations Unies, et chargé d”™intégrer le développement durable dans tous les secteurs du systí¨me des Nations Unies. Ce nouvel organisme doit pouvoir fonctionner comme un systí¨me d”™alerte pour toutes les agences des Nations Unies, et disposer d”™outils efficaces pour faire des compte-rendus et des rapports, conduire des audits et commander des expertises. Il doit également pouvoir arbitrer et faire appliquer ses décisions au niveau international.
Conseil de Sécurité des Nations Unies
Un mécanisme plus collectif, représentatif de la communauté internationale, doit íªtre mis en place pour arbitrer et traiter les questions de sécurité internationale. Cet organe doit reconnaí®tre et intégrer les liens institutionnels entre l”™économie, l”™environnement naturel et la sécurité.
Une Organisation Mondiale pour l”™Environnement
La question a été posée de savoir si la transformation du Programme des Nations Unies pour l”™Environnement en une Organisation Mondiale pour l”™Environnement lui donnerait suffisamment de pouvoir et d”™autorité pour résoudre les problí¨mes environnementaux. Il a été question également de mettre en place une Cour Internationale de l”™Environnement, basée sur un cadre légal international formé de lois sur le développement durable, considérée comme une véritable juridiction et avec le pouvoir d”™imposer des sanctions.
Activités des ONGs
La voix de tous les acteurs de la société civile, particulií¨rement ceux du Sud, sous-représentés, et les normes internationales garantissant le bien commun doivent mieux íªtre pris en compte dans les activités des ONGs. Les ONGs peuvent améliorer leur capacité de soutien í l”™éthique universelle au sein de leur sphí¨re de compétence en encourageant et en facilitant le dialogue entre les principaux acteurs, en améliorant la coopération entre les ONGs et la cohérence de leurs projets. Elles doivent également mieux soutenir les ONGs locales dans les pays en développement qui ont des ressources limitées et sont quelquefois confrontées í des persécutions.
6. INFORMATION, COMMUNICATION ET EDUCATION
Engagement des médias
Les médias du monde entier doivent íªtre plus sensibles et attentifs aux problí¨mes de durabilité et aux initiatives í prendre pour les traiter. Les organisations médiatiques doivent ajouter í leurs rí¨gles de conduite une référence spécifique sur l”™importance des questions de développement durable. Aider les journalistes í prendre conscience qu”™il ne s”™agit pas d”™une question concernant seulement les spécialistes de l”™environnement, mais aussi une opportunité qui leur est offerte de faire le lien entre des sujets d”™actualité, particulií¨rement la politique, l”™économie, et le développement durable.
Marketing
Ceux qui ont des projets importants í faire connaí®tre dans le domaine du développement durable doivent susciter la couverture des médias en les contactant et en les informant de leurs activités, pour ainsi les vendre mieux. Les événements mondiaux doivent íªtre utilisés comme des opportunités pour lancer de brefs messages sur le développement durable, de faí§on í accroí®tre l”™intéríªt du public.
Une agence internationale de l”™information
Chaque pays devrait apporter sa contribution í un budget commun destiné í une agence internationale d”™information qui s”™intéresserait de manií¨re spécifique aux questions de développement durable.
Un réseau d”™engagement mondial
Les communautés religieuses doivent se joindre au réseau préparant le Parlement des Religions de 2004/2005. Le Parlement des Religions a été créé pour promouvoir des normes éthiques pour le comportement humain, í travers un dialogue et des activités. Il s”™engage également avec des associations non-séculaires í rédiger un plan d”™action commun prévoyant des stratégies pour parvenir í un monde durable, en paix et juste. La communication entre les religions doit continuer í se renforcer de faí§on í promouvoir la tolérance, la compréhension, et í réduire les conflits. De plus, les religions du monde doivent identifier les éléments qui contribuent í alimenter le fondamentalisme et la dévotion malsaine pour parvenir í les éradiquer. L”™éducation peut contribuer í faire naí®tre une plus grande tolérance, en enseignant l”™histoire des religions du monde, et peut stimuler l”™engagement créatif des religions du monde en faveur de la paix, de la justice et de la durabilité dans le monde moderne.
Réduire le fossé technologique
De nouvelles synergies doivent íªtre explorées entre la révolution des technologies de l”™information et les besoins du développement, notamment en utilisant les nouvelles technologies pour réduire la pauvreté. La promotion d”™un accí¨s universel í internet peut contribuer au partage du savoir, au développment, et í une moindre marginalisation des communautés isolées.
Approches éducatives
L”™éducation, í tous les niveaux, doit accroí®tre l”™accí¨s des citoyens í l”™information sur le développement durable. Par l”™intermédiaire de programmes améliorés et élargis, multi et interdisciplinaires, les étudiants peuvent accéder í travers leurs études í une plus grande compréhension de la complexité des problí¨mes sociaux et environnementaux, aux niveaux local, national et international. La Charte de la Terre pourrait íªtre utilisée comme un outil éducatif í tous les niveaux.
Plus de dialogue entre les partenaires
Les rí´les évolutifs de l”™Etat et des acteurs non-étatiques, de míªme que l”™accroissement exponentiel de l”™information nécessitent un plus grand dialogue et une prise de décision plus créative í tous les niveaux de la société. Des campagnes pour stimuler la prise de conscience et des discussions sur les stratégies í adopter peuvent améliorer la capacité de tous les acteurs í prendre des décisions informées, responsables, et adaptées, soutenant une approche pro-active du développement durable. L”™engagement accrí» des secteurs scientifique et technologique dans ces dialogues est essentiel.
7. FINANCER LE DEVELOPPEMENT DURABLE
Financer le développement
Le financement du développement doit íªtre fondé sur l”™impératif moral de soutenir les pays dans leur lutte pour éradiquer la pauvreté, promouvoir le développement économique et social et la stabilité. Des propositions spécifiques concernant les instruments financiers comportent notamment la promotion:
De l”™ accroissement de l”™aide public au développement (APD),
d”™approches plus efficaces et plus humaines de la réduction de la dette,
de la reconnaissance de la dette écologique du Nord,
du soutien aux biens publics globaux,
d”™un Fonds des Nations Unies pour le Développement Durable.
Contrairement aux promesses faites lors du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992, la plupart des gouvernements sont loin d”™avoir atteint l”™objectif de 0.7% du PNB dévolu í l”™aide public au développement. La société civile doit s”™engager plus avant sur ces questions, accentuant la pression sur les gouvernements des pays riches.
Le Pacte Mondial
Un nouveau Pacte Mondial pour combattre la pauvreté, lles injustices environnementales et améliorer la mise en Å“uvre des politiques de développement durable doit constituer un important résultat du Sommet Mondial sur le Développement Durable de Johannesburg de 2002. Un tel Pacte doit íªtre élaboré conjointement par les acteurs étatiques et non-étatiques, du Nord et du Sud, et doit íªtre basée sur des responsabilités partagées, un co-financement, peut-íªtre au travers d”™un impí´t ou une taxe mondiale, et en élevant les standards environnementaux et sociaux partout sur la planí¨te. Le Pacte Mondial doit íªtre fondé sur des principes éthiques universels et íªtre destiné í garantir un développement durable et équitable.
Transferts de technologies
Il faut faciliter les transferts de technologie adaptée í l”™environnement, particulií¨rement en ce qui concerne l”™énergie, les transports, la gestion des déchets, et l”™eau. Une institution telle que Fonds pour l”™Environement Mondial doit íªtre renforcée pour promouvoir la coopération technologique. Des transferts de technologie doivent íªtre également envisagés en tant que moyen de réduire la pauvreté, í travers la fourniture d”™équipement, de matériaux et du savoir faire nécessaires í la promotion du développement.
8. NOUS, LE PEUPLE
Donner l’exemple
Tous les individus doivent assumer la responsabilité du développement durable au cours de leur propre vie, non pas en se contentant de se demander ce que devraient faire les autres pour faire progresser la cause du développement durable et le bien commun, mais aussi en se demandant ce qu”™ils peuvent faire eux-míªmes pour faire progresser la cause, au quotidien. Une approche d”™un mode de vie durable sur le long-terme doit remplacer l”™attitude centrée sur le court-terme qui domine actuellement de nombreux modes de vie.
Une pétition du peuple
La Charte de la Terre fournit la base éthique nécessaire í la promotion d”™un agenda du développement durable et doit íªtre considérée comme un guide pour les négotiations í Johannesburg, et au-delí .
Dialogues pour la terre
Sous le haut patronnage de Lionel Jospin, Premier ministre de France
et
la Ville de Lyon
la Communauté Urbaine de Lyon
Organisé par :
Green Cross International
Conseil de la Terre
Conseil mondial des anciens ministres des Affaires Etrangí¨res
En collaboration avec :
Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE)
l’UNESCO
Secrétariat de la Charte de la Terre
Centre for Respect of Life and Environment (CRLE)
World Business Council for Sustainable Development (WBCSD)
l’Union mondiale pour la Nature (IUCN)
Global Legislators Organisation for a Balanced Environment (GLOBE)
Center for International Environmental Law (CIEL)
Bellagio Forum
différentes Organisations non-Gouvernementales franí§aises
Avec le soutien du :
Conseil régional Rhí´ne-Alpes
Contributions de :
Vivendi Environnement
Papeteries Matussiere & Forest
Agence de l’Environnement et de la Maí®trise de l’Energie (ADEME)
AVENTIS
le Bellagio Forum
Compagnie Nationale du Rhí´ne (CNR)
Reed Exhibitions
SUEZ
TREDI
Air France